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Protéger nos enfants émotionnellement |
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Parents : comment protéger
émotionnellement nos enfants pendant le confinement ?
Le confinement est arrivé
brutalement dans nos vies. On ne s’y attendait pas. On n’y croyait pas. C’est
une rupture dans nos habitudes de vie à différents niveaux : social,
scolaire, professionnel et parfois familial. Elle est provisoire mais teintée
d’incertitude sur la durée, générant de l’anxiété qui s’ajoute à celle de
contracter la maladie et de la transmettre à ses proches.
Tout cela vient bousculer notre
équilibre, nos ressentis, nos pensées, nos projections, nos actions et nos
relations familiales.
Être Parent d’un bébé, d’un
enfant, d’un ado ou d’un jeune adulte amène souvent à s’interroger sur soi, sur
la relation parent-enfant, sur la personnalité et les besoins de son enfant.
Depuis cette période de
confinement, le rythme et le cadre de nos relations familiales ont changé. Nous
devons faire face à une situation nouvelle et anxiogène. Nous sommes nous-même
en tant que personne, traversés par de multiples émotions. Nous les gérons
suivant notre perception de la nouvelle situation et selon notre personnalité.
Nous nous posons beaucoup de
questions, tant sur cette situation de confinement : sa durée, ses
conséquences sur chaque membre de notre famille, que sur la façon de se
réorganiser et de maintenir des interactions positive avec les enfants.
Notre rôle de parent est aussi de
protéger nos enfants, tout en favorisant leur prise d’autonomie. C’est un
équilibre à trouver sans cesse entre ces deux mouvements inverses.
Comment
les protéger psychologiquement, émotionnellement ? :
Reconnaissez et
parlez de vos émotions
Ce qui nous amène tout de suite à
nous poser deux nouvelles questions : Comment parler avec les enfants de
cette situation et Doit-on parler de nos émotions ?
En effet, depuis Françoise Dolto,
nous savons qu’il faut parler aux enfants de tout ce qui peut les concerner,
afin d’humaniser leur perception d’eux-mêmes et de leur environnement.
Il semble important de leur
parler avec des mots simples et vrais de la situation en fonction
de leur âge.
Même
un tout-petit est capable de percevoir que la situation a changé et
cela doit lui être expliqué.
On peut partir par exemple des
changements observables qui concernent directement l’enfant : « Tu
vois, maman, papa sont tout le temps à la maison en ce moment, tu ne vas plus
chez la nounou, à l’école, Maman doit travailler à la maison sur son
ordinateur, ce n’est pas facile et elle ne peut pas tout le temps s’occuper de
toi. Papa prend le relai et c’est lui qui te change ou te fais manger, te donne
ton bain… » « On ne peut plus beaucoup sortir car il y a un
coronavirus qui est un petit microbe pouvant rendre malade que l’on peut
attraper au-dehors. Il peut passer d’une personne à l’autre. Donc en attendant
qu’il s’en aille, on reste à la maison. Quand il sera parti, tu retourneras à
la crèche, à l’école, maman et papa au travail. On se verra à nouveau le matin,
le soir, le week-end. On pourra aller voir Mamie, papi… »
Pour
un adolescent, le mieux est d'échanger à partir de ce qu’il sait car il a eu
forcément plein d’infos plus ou moins déformées. « Qu’est-ce que tu sais
du coronavirus ? et de la situation actuelle ? Comment te
sens-tu ? » Une discussion s’ensuit dans laquelle vous allez donner
les infos dont il a besoin.
Rien ne sert de dramatiser et
d’inquiéter nos enfants et encore moins de les menacer. Nous devons être un
minimum rassurant et optimiste afin de les sécuriser. Notre enfant doit aussi
savoir qu’il peut compter sur nous.
Qu’en
est-il des émotions ?
Doit-on
les taire, les cacher, les dire ?
Les cacher est quasiment
impossible car les émotions sont exprimées inconsciemment de façon
non-verbales. De plus, elles sont contagieuses !
Les enfants sont des experts pour
percevoir nos émotions. Alors oui, il vaut mieux en parler quand elles se
manifestent devant eux, tout en gardant une touche d’optimisme. Reconnaissez
déjà, pour vous-même l’existence des vos émotions et parlez-en vos enfants. Si
vous êtes angoissé, même si vous n’en parlez pas à vos enfants, votre
comportement sera différent et ils le constateront. Il sera encore plus
difficile pour eux de ne pas savoir à quoi est du ce changement
« Je suis un peu en colère
en ce moment de devoir rester à la maison, c’est pour cela que je suis de
mauvaise humeur ce matin. Mais le bon côté c’est qu’on peut passer plus de
temps ensemble pour faire de nouvelles activités à la maison. »
« Je suis triste et inquiète
pour Mamie qui est toute seule, mais je suis sûre que bientôt on pourra la
revoir. En attendant on peut lui téléphoner »
« Je suis énervé quand je
vous vois vous disputer, bien que je sache que vous pouvez régler vos problèmes
sans moi et que cela est en partie dû au confinement »
Bref, vous l’avez compris, exprimer ses émotions négatives en les reliant à la
situation, permet aux enfants de se déculpabiliser. Car soyons
honnêtes, ce ne sont pas eux mais la situation qui nous amène à ressentir tout
cela. Terminer par une touche optimiste est vraiment nécessaire car cela nous
permet, et permet à nos enfants de positiver, donc de garder le moral.
Il est bon également d’interroger les enfants sur ce qu’ils ressentent avec des questions toute simples et des
suggestions : « Comment te sens-tu ? » « Cela n’a pas
l’air d’aller. Qu’y a-t-il ? Es-tu triste, en colère, inquiet ? ».
« As-tu peur de quelque chose ? ». Les enfants ont besoin
de savoir que, ce qu’ils ressentent, nous préoccupe.
Quant
aux émotions positives, bien-sûr elles sont à exprimer sans réserve.
« Je suis si contente d’avoir le temps de te faire un câlin le
matin » « Je suis admiratif devant les beaux gâteaux que vous avez faits
les enfants » « Ce soir, on a vraiment bien ri pendant ce jeu, c’est
agréable et ça fait du bien »
Néanmoins, les enfants, tout
comme les parents, sont confrontés à l’angoisse de mort, propre à la condition humaine, ravivée dans
cette période de pandémie et de confinement. Il faut s’attendre à des réactions
anxieuses qui peuvent avoir un impact sur les comportements : régression,
phobie, crise anxieuse, somatisation, agressivité, cauchemars, agitation…(cf
article
Il est donc primordial de faire
baisser l’anxiété des enfants (et des parents). Et donc de :
Rassurer
les enfants :
-
Maintenir un cadre avec des repères dans
l’espace et dans le temps (Cf article suivant)
-
User des informations à la télévision avec
parcimonie et de maintenir des repas sans télévision. On évite ainsi de les
soumettre à un climat trop anxiogène pour leur équilibre.
-
Faire également attention à ce que l’on se dit
entre adultes. Les oreilles « trainent ».
-
Ne pas rentrer dans des polémiques en leur
présence ; ce qui peut faire monter leur niveau d’anxiété.
-
Ne pas comptabiliser le nombre de morts mais
plutôt le nombre de personnes guéries.
-
Aider les enfants
à relativiser : par exemple, dessiner avec eux environ 200
bonhommes, en entourer un seul en disant qu’un seul bonhomme fera une maladie
grave, les autres ce ne sera pas grave du tout. (0.5/100). Montrer aux plus
grands ce que cela pourrait faire à l’échelle de la France. (Là on travaille
les maths !) sans oublier de dire que l’on doit se protéger et protéger
les autres pour qu’il y ait le moins possible de personnes malades susceptibles
d’aller à l’hôpital.
-
Leur dire que les médecins sont en recherche de
traitement, vaccins et que bientôt nous pourrons vaincre ce virus.
Nous avons tous besoin d’espoir
pour surmonter les difficultés.
Par contre, il s’agit de répondre
honnêtement, sans dramatiser, à toutes leurs questions. Cela participe à
maintenir une relation de confiance avec notre enfant.
Se
projeter dans un avenir meilleur est une clé importante pour que
toute la famille se sente bien. « Voilà ce qu’on fera quand cette période
sera terminée » ou « Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour fêter la fin de
ce coronavirus, quand on sera sûr qu’il est parti ? » « Qu’est-ce
que vous avez aimé faire pendant le confinement que l’on pourrait continuer
après ? » « Bientôt, nous pourrons faire cette nouvelle activité
dehors tous ensemble » …
Allô
Parents 34 reste à l’écoute pendant
le confinement de tous les parents qui se posent des questions ou qui
« craquent » du lundi au vendredi de 10h à 19h au 04 67 61 08 43 ou 06
12 75 23 64. Parler des enfants, de la famille, de son vécu de
parent, à un professionnel bienveillant, cela permet de se sentir mieux et de
retrouver son énergie et sa créativité de parent !
Véronique Goudé-Cabon et
Alexandre Chapy, Psychologues d’ Allô Parents
/Allô Jeunes 34
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Problèmes, conflits avec
les enfants pendant le confinement
La situation de confinement s’est brutalement imposée à
nous. Vous vous retrouvez à passer 24h/24h avec vos enfants et à devoir prendre
la casquette de parent, professeur à domicile, télétravailleur-euse… A cela
s’ajoute le mélange d’émotions suscité par cette situation, tant pour vous que
pour vos enfants.
Cette situation peut favoriser les situations difficiles à
domicile, renforcer des difficultés déjà existantes ou même amener des
situations de conflits.
Ici nous nous intéresserons
aux problèmes accentués par le confinement mais également aux conflits et à la
possibilité de les gérer de façon bienveillante.
Certains
problèmes due à l’anxiété et/ou au confinement peuvent émerger, se
renforcer :
-
L’adolescent ne respecte pas les règles de
confinement, passe son temps sur les jeux vidéo, est plus agressif, s’enferme
dans sa chambre, ne veut plus partager les repas, ni faire son travail
scolaire, ni participer aux tâches ménagères…
-
Le tout petit régresse et recommence à mouiller
son lit, pique colère sur colère, est un véritable « pot de colle »,
ne veut plus dormir seul, casse ses jouets…
-
Les enfants d’âge moyen se disputent sans arrêt,
dérangent les parents qui télétravaillent, crient trop dans l’appartement,
embêtent les animaux, font des cauchemars…
Que peut-on faire ?
Pour faire diminuer le climat
anxiogène et donc diminuer les troubles du comportement, on doit « protéger
émotionnellement nos enfants » (Cf autre article sur ce sujet)
Mais aussi :
Fixer un cadre sécurisant
Celle de fixer un nouveau cadre
avec des anciennes règles concernant la vie familiale mais aussi avec quelques
nouvelles règles étant donnée le changement de situation.
Ces règles pourront faciliter la
vie en confinement :
o
Des repères pour chacun dans l’espace et dans le
temps
o
Des temps et des espaces de vie en commun tels
que les repas et leurs nouveaux horaires si besoin.
o
Des temps et des espaces pour s’isoler pour les
plus grands ainsi que pour les parents, afin de pouvoir se ressourcer, étudier,
travailler…
o
Une répartition équitable des contributions à la
communauté en fonction de l’âge, telles que la confection des repas, le
couvert, les courses, le ménage, bricolage, loisirs à domicile etc… Penser à faire
un tableau et à l’afficher.
o
La tenue d’un calendrier visible de tous, afin
de ne pas se perdre dans les jours qui se ressemblent. Les plus petits peuvent
compter les dodos ! C’est rassurant pour la famille. On reste maître du
temps. On assouplit les règles le week-end et on fait des choses différentes.
Et pourquoi pas de nouveaux rituels.
Soyez à l’écoute
Pour ce faire, les parents doivent être à l’écoute
des besoins de chacun : besoin d’un coin tranquille pour réviser,
besoin d’un endroit pour jouer, besoin d’être en contact avec ses amis via les
réseaux sociaux, besoin de solitude pour écouter sa musique ou dessiner, besoin
de se défouler, besoin de plus de sommeil….
Entretenez des temps individuels
Sans oublier que chaque enfant a besoin d’un petit
moment en tête à tête avec chacun de ses parents.
Il s’agit d’un besoin de rester en connexion avec son parent et
d’avoir un retour individuel sur son ressenti et son expérience chaque jour.
Les enfants se disputent souvent parce qu’ils ne disposent pas de ce moment.
Ils sont donc en concurrence pour attirer l’attention des parents et pour se
démarquer des frères et sœurs.
Même si cela n’est que 10 minutes
par jour, ce moment est vital pour l’équilibre des enfants. Il peut démarrer
par un moment de lecture plaisir ou par un moment de jeu à 2, ou encore par un
moment où le parent s’intéresse à ce qui plaît à son enfant (sa musique, son
hobby, son dessin, son texte écrit…) C’est le point de départ pour créer une
bonne relation et pour parler de soi, de l’autre, des expériences de l’enfant.
Le confinement ne doit pas nous faire zapper ce moment si important pour la
sérénité familiale et le bien-être de l’enfant.
Par contre, ce moment en tête à
tête n’est pas le moment pour régler ses comptes ou faire des reproches à
l’enfant. D’ailleurs les reproches ne servent à rien, on le voit bien au sein
du couple par exemple. L’enfant a besoin simplement et à un autre moment que
ses parents lui rappellent ce qu’ils attendent de lui, selon le cadre établi.
Avec un ado, soyez patient
Parfois, l’adolescent refuse
ce moment avec le parent car il est en période conflictuelle de rejet des
parents. Il est tout de même nécessaire de le proposer en lui demandant à quel
moment il pourrait être disponible et ce qu’il aimerait faire ou discuter avec
son parent. Parfois il faudra accepter que cela démarre par des reproches de la
part de l’adolescent, surtout si les parents ont l’habitude d’en faire
eux-mêmes. On peut les entendre, on doit les entendre, on lui dit qu’on l’a
entendu, mais on n’a pas à se justifier, ni à surenchérir, surtout quand ils
n’ont pour objectif que d’obtenir ce qu’on leur a refusé en amont.
Rapidement, on peut ensuite orienter la conversation vers notre besoin et le
sien, celui de se reconnecter et d’échanger sur des sujets plus légers. Cela ne
fonctionne pas toujours du premier coup. Il ne faut pas lâcher et ne pas
hésiter à leur demander un coup de main, à les remercier en louant leur force,
leur habileté, leur créativité ou autres qualités. Ils ont besoin d’être
valorisés.
Quant aux discussions sur le
cadre établi, elles sont normales. L’adolescent a son propre point de vue.
Certaines règles peuvent être négociées ou renégociées, voire écrites et
signées (seulement avec un adolescent), à condition qu’il n’y ait pas de
passe-droit. Cela peut être d’assouplir l’heure du coucher, d’autoriser une
heure de plus les réseaux sociaux si les devoirs sont finis…Mais, attention, il
ne sera plus possible de revenir en arrière, sauf à dépenser beaucoup d’énergie
en conflit. Donc à chaque demande de modification du cadre, on doit prendre le
temps d’y réfléchir et de se concerter avec l’autre parent s’il y en a un, ou
avec des amis qui ont des enfants du même âge. Il est bon de faire patienter
l’adolescent raisonnablement quant à ses demandes et d’évaluer si elles vont
dans le sens de ses besoins.
Par exemple une demande de jouer
en ligne jusqu’à 2h du matin ne va pas dans le sens de ses besoins de sommeil et
de garder un rythme. L’ado risque de se décaler et ne plus se lever le matin
pour travailler. La demande peut donc être refusée.
Avec les jeunes majeurs, maintenez un
minimum de règles de vie commune
Concernant nos jeunes adultes à la maison : il s’agit de ceux qui
revendiquent leur liberté totale mais qui ne sont pas indépendants
financièrement. Ceux qui ont parfois transformé notre foyer en
« Hôtel-Restaurant » !
Avec le confinement, nos jeunes
fulminent de devoir passer tant de temps à la maison. Ils tournent comme des
lions en cage, deviennent adeptes de jogging, à moins qu’ils ne s’abrutissent
jusqu’à pas d’heure à regarder des séries Netflix. C’est donc rarement avant
midi qu’ils pointeront le bout de leur nez pour s’enquérir du Menu. Bien-sûr,
ils ne peuvent pas aider, ils n’ont pas le temps : les révisions, la
recherche d’emploi, de stage… et parfois ils ne daignent même pas prendre leurs
repas en notre compagnie.
Pour ne pas
« tourner en bourrique » avec eux, le challenge va consister à
reposer un minimum de règles de vie en commun, sans que cela entache leur
sacro-sainte autonomie/liberté, puisqu’ils sont majeurs et qu’ils
« gèrent ». Evidemment ils n’acceptent aucun conseil, ni suggestions.
Par contre, ils savent très bien nous en donner ! Cela n’empêche que nous veillerons à ce
qu’ils s’acquittent de certaines tâches pour le bien de la communauté-famille
Comment gérer les
conflits qui peuvent apparaître ?
L’utilisation de La
gestion des conflits sans violence, donc de façon bienveillante,
semble une option intéressante.
Voici le schéma avec ses
étapes :
1. Quels sont les faits
qui nous gênent : les dire sans accuser, sans interpréter « je
remarque que la table n’est pas mise » « je vois des enfants qui se
disputent à table » (Utiliser le « je » pas le « tu »)
2. Quelles sont mes émotions
par rapport à ces faits : « cela m’agace, me met en colère,
m’attriste » « je suis découragé, inquiet, surpris… »
3. Quels sont mes propres besoins :
« j’ai besoin de passer un repas détendu » « J’ai besoin de calme
pendant une heure » « j’ai besoin que l’on m’accorde du temps »
4. Quelles sont les
solutions : « que pouvons-nous faire pour que le repas se passe
agréablement ? Avez-vous des idées ?» « Comment pouvez-vous vous
occuper pendant que je prends du temps pour lire ? » « Je vous
propose que l’on n’aborde pas les sujets qui « fâchent » à
table » « je vous propose de faire un planning équitable pour les
corvées, et de l’afficher ».
Véronique Goudé-Cabon et
Alexandre Chapy, psychologues d’Allô Parents
Allô
Parents 34 est à l’écoute de tous
les parents qui se posent des questions ou qui « craquent » du lundi
au vendredi de 10h à 19h au 04 67 61 08 43 ou 06 12 75 23 64.
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Parents : prendre
soin de soi et rester serein pendant le confinement
Cette
situation de confinement fait émerger de nombreuses émotions très difficiles. A
cela s’ajoute tous les bouleversements du quotidien. En tant que parent, notre
énergie est prioritairement dirigée vers les autres, nos enfants, notre
partenaire, notre famille, nos collègues et nous devons parfois jongler entre
toutes les sollicitations. Nous vivons une situation extra-ordinaire qui
peut nous mettre à rude épreuve.
Mais on ne doit pas s’oublier. Car
nous aussi, parents, pouvons souffrir de cette situation et il n’y aucune
raison de se négliger.
Reconnaître, accepter et exprimer nos émotions :
Cette situation fait émerger de
nombreuses émotions désagréables. L’angoisse tout d’abord, la tristesse ou
encore la colère. Toutes les études soulignent que le confinement favorise
l’apparition de ces émotions négatives.
Elles sont tout à fait normales.
Ne luttons pas contre mais reconnaissons leur existence et parlez-en, même avec
vos enfants. (Cf : autre article « protéger nos enfants
émotionnellement »)
Dans cette période difficile, il est important de se reconnecter
à nos émotions : pouvoir les conscientiser, pouvoir les nommer,
pouvoir les écrire et surtout pouvoir se retrouver un moment seul pour cela.
LA PEUR
Tout d’abord nous pouvons éprouver de la peur face au COVID
19. La peur d’être contaminé ou que nos proches le soient, peur d’avoir des
complications, d’être séparé de notre famille, de nos enfants ou de la personne
aimée.
Cette peur est naturelle face au danger. Elle permet d’agir
pour nous protéger. Il faut la conscientisée afin qu’elle ne nous submerge pas.
L’exprimer est encore mieux : à l’oral, à l’écrit, en musique, ou par le
dessin ou la peinture. Pour la juguler, nous prenons des précautions lors
des sorties inévitables pour se nourrir ou se dégourdir.
L’inquiétude a besoin d’être parlée, rassurée par des
lectures, des infos ou contacts téléphoniques avec amis ou psy à l’écoute.
LA COLERE
Elle a besoin de s’exprimer (pas contre sur les enfants, ni
le conjoint !) et défouler dans des actions positives. Elle nous permet de
lutter pour trouver des solutions.
LA TRISTESSE
Elle a besoin d’être ressentie, d’être exprimée, de
s’extérioriser parfois dans des pleurs.
L’ENNUI
C’est un sentiment qui nous permet de nous reconnecter à
nous-même, à ce qui nous anime. Il nous fait prendre conscience de notre
enfermement dans certaines habitudes. L’ennui est libérateur car il nous oblige
à réinventer notre quotidien, à s’intéresser à nos besoins insatisfaits. L’ennui,
le silence, la solitude stimule notre imaginaire et notre créativité.
Le partage des émotions avec
la famille est d’autant plus important qu’il concerne tous les membres :
perte d’un être cher, inquiétude et colère dues au confinement. On peut en parler
avec les enfants en disant que c’est normal de ressentir toutes ces émotions.
Le partage allège notre fardeau.
Partager des moments de joie, de
rire, est également nécessaire pour nous et pour nos proches.
S’intéresser et répondre à nos besoins :
Besoins physiques : sommeil (combien d’heure),
mouvement, silence, alimentation, d’être en contact avec la nature, de
respirer, de calmer la douleur…
Besoins psycho-sociaux : besoin d’échanger, de
partager, d’être aimé, d’affection, de se sentir utile, de solitude, de
s’amuser, de rire, d’apprendre, de transmettre…
Besoins spirituels : yoga, méditation, arts,
création, philosophie, religion, se réaliser, trouver sa place dans le monde,
du sens à sa vie…
La satisfaction de certains besoins peut nous paraître
empêchée ou bouleversée par le confinement. Or, si on y réfléchit bien, il y a
presque toujours un moyen de ne pas rester dans la frustration d’un besoin.
Notre imaginaire nous procure une
capacité incroyable de satisfaire nos besoins empêchés. Notre capacité à nous
projeter dans des images, des vidéos, dans des histoires, nous ouvre des
possibilités illimitées, plus encore si nous possédons une connexion internet.
On peut visiter un musée, apprendre une nouvelle langue, voir de somptueux
paysages, rire de bonnes blagues, partager avec les autres sans bouger de sa
chaise, méditer, etc…
Entretenez la bienveillance, surtout envers vous :
Cette période de confinement nous oblige à devoir
ré-organiser toute notre activité professionnelle, en basculant sur du
télétravail parfois. Télétravail qui n’est d’ailleurs pas facile à réaliser
avec les enfants à la maison. Car on doit aussi s’improvisez professeur, avec
tous les conflits que cela peut générer. En plus de ça, le confinement nous
expose à une stimulation permanente due à toutes ces activités, en ce même
lieu. Difficile de faire la coupure et donc de se ressourcer.
Il est fréquent qu’en tant que parent, nous nous mettions une forte pression et
que nous culpabilisions de ne pas pouvoir tout gérer de manière parfaite.
Soyons donc indulgent avec nous-même
et cultivons la bienveillance. Nous ne sommes pas professeur. Il est donc
normal que ce soit difficile de réaliser les cours à la maison. Nous n’avons
sans doute pas l’habitude de télé-travailler, il est normal que nous ne soyons
pas forcément aussi performant qu’auparavant. Si l’on se retrouve au chômage,
cette inactivité peut nous peser, nous inquiéter. De manière générale, toute
cette situation est nouvelle et il est normal qu’elle soit difficile à gérer au
quotidien.
Nous faisons de notre mieux et
c’est déjà bien suffisant. Plus nous serons bienveillant envers nous-même,
moins la situation sera difficile à vivre et moins les différents événements
pénibles du quotidien auront de l’importance.
Pensez à vous, vous n’êtes pas qu’un parent : votre espace
et votre couple
Le confinement met notre rôle de parent sur le devant de la
scène puisque les enfants sont là en permanence et nous sollicite tout au long
de la journée.
Mais nous ne sommes pas qu’un parent, avoir un espace à nous et rien qu’à nous
est nécessaire.
Lorsque vous structurerez votre temps, accordez-vous une ou
plusieurs plages horaires qui ne sont dédiés qu’à vous. Autant que possible, ce
temps doit être associé à un espace qui vous est réservé.
Dans le même sens, si vous êtes en couple, mettez en place
la même chose pour votre couple. Gardez des moments où vous existez en tant que
couple et pas en tant que parent uniquement.
Par ailleurs, le confinement peut affecter les couples déjà
en difficulté de communication ou de connexion. Pour d’autres, c’est la
redistribution des rôles ou des tâches qui va poser problème.
Après des premières semaines d’ajustement au changement,
certains couples vont pouvoir se retrouver et s’accorder quelques moments à 2,
disposant davantage de temps. Mais comme pour tout, il faut le prévoir dans
l’emploi du temps, dans le cadre établi afin de ne pas se laisser embarquer
dans un fonctionnement chaotique. La dyade des parents a besoin pour se
reconstituer, que les enfants continuent à se coucher plus tôt et qu’ils
laissent des petits moments tranquilles pour le couple. Pourquoi pas prévoir
quelques repas sans les enfants en tête à tête avec interdiction de
déranger ?
L’idée répandue que tout doit se faire en famille, est une
illusion dans laquelle chacun peut se perdre. Nous avons besoin de temps
individuels.
Passez d’une position passive à une position active pour vous
sentir mieux
Le confinement nous est imposé est nous place de prime abord
dans une position passive que l’on subit. Quel que soit les événements que nous
rencontrons, le fait de les subir les rend encore plus difficile à supporter.
Ils nous ramènent en effet à une situation d’impuissance qui renforce des
sentiments de tristesse, d’angoisse et de colère : nous avons la sensation
d’être désarmé et de n’avoir aucun moyen d’agir sur une situation angoissante.
Il est important dans un premier temps de reconnaître pour
nous même que cette situation que nous subissons est angoissante et
particulièrement pénible.
Mais dans un second temps, un des mécanismes permettant de
mieux vivre ces situations difficiles et de passer d’une position que l’on
subit, à une position active. Il s’agit de se concentrer sur au contraire ce
que nous pouvons décider dans cette situation et quelles sont les opportunités
qu’elles nous offrent.
Pendant cette période de confinement vous êtes privés de nombreuses choses,
mais vous pouvez encore décider pas mal d’autres choses. Par exemple comment
organiser votre journée.
Ce temps qui vous est imposé est souvent celui qui pouvait
vous manquez habituellement. Envisager ce temps non plus comme un élément qui
vous est imposé mais comme une opportunité que vous pouvez décider d’organiser
et de profiter vous rendra actif face à la situation et la rendra plus facile à
vivre.
Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais même de
petites choses, de petits choix que vous vivez pleinement comme vos propres
décisions vous permettront de vous sentir moins désemparé face à cette
situation.
Pour les parents "solos" :
Le confinement est une réelle épreuve car il n’y a pas de
relai pour eux. Ils ne peuvent plus compter sur des personnes extérieures. Il
se retrouvent en prise directe H24 avec leurs enfants. En outre, les services d’aide
sociale sont arrêtés ou fonctionnent au ralenti.
Comment passer cette période très difficile ? Comment rester calme et rassurer ses
enfants ? Comment les cadrer tant dans leur travail scolaire que dans
l’utilisation des écrans ? Ces questions deviennent cruciales quand on est
seul (e) avec les enfants.
Il n’y a évidemment pas de recette miracle si ce n’est de
baisser un peu son niveau d’exigence, tout en maintenant un cadre assez proche
de celui avant le confinement. Parfois le gain de temps dû à la suppression des
déplacements libère du temps pour prendre soin de soi, en se ménageant quelques
moments tranquilles avec interdiction de déranger. Bref, on fait ce qu’on peut.
On relativise en se disant que cela ne va pas durer. Et surtout on garde le
contact téléphonique ou visio avec les amis ou la famille.
Alexandre Chapy et Véronique Goudé-Cabon, psychologues
d’Allô Parents
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